Au début du XVIe siècle, dans un Saint Empire romain germanique chahuté par des conflits incessants, les guerres de religion et les révoltes paysannes, en proie à toutes les peurs, les juifs cristallisaient beaucoup de haines populaires.
C'est dans ce contexte de violence que, dans la petite ville impériale de Rosheim, en Basse Alsace, un érudit devenu prêteur sur gages, Yosselmann (1478-1554), se leva pour défendre ses frères juifs persécutés. Il partit à la rencontre des grands de son temps afin d'alléger les menaces qui pesaient sur ses coreligionnaires de tout l'Empire. Il réussit à placer les juifs sous la protection directe de Charles Quint. L empereur, écoutant leur avocat, les défendit à maintes reprises contre les terribles décisions des princes et des villes. Fait unique dans l'histoire du Saint Empire, les juifs allemands disposèrent alors d'un représentant qui était à la fois investi par ses frères et reconnu par les princes. Grâce à un sauf-conduit de l'empereur, celui qu'on appela désormais « Yossel de Rosheim, commandeur des juifs allemands » put se déplacer partout, s'épuisant à défendre ses frères dans les cours et les diètes, et lors de controverses publiques.
Courageux et charismatique, Yossel était aussi un esprit politique avisé qui savait faire des choix, soutenant résolument Charles Quint contre les princes protestants, dénonçant Luther pour ses écrits contre les juifs. Personnage romanesque dans une époque de bouleversements où les lumières de la Renaissance se voilaient d'ombres dangereuses, Yossel fut aussi un réformateur pénétrant, désireux d'améliorer la place des juifs dans la société.