Dès la fin du XIXe siècle se dessine en Europe une véritable «révolution de
l'avortement». Les pratiques abortives, plus sûres, répondent au rejet des
morales officielles et au désir nouveau des couples de limiter la taille de leur
famille. Cette banalisation de l'avortement entraînera en Belgique une réaction
dont l'ampleur étonne encore. Morale catholique, nationalisme exacerbé
et crainte de la dépopulation concourent à faire de l'avortement, ce «fléau du
siècle», un véritable crime contre la société et la nation.
Cet ouvrage aborde l'histoire de la justice et de l'avortement durant l'entre-deux-guerres.
La première partie s'intéresse au contexte légal et idéologique
de l'avortement en Belgique et aux préoccupations qui ont incité le législateur
belge à «renforcer» la loi en 1923. La seconde partie, consacrée à la quantification
de la répression judiciaire de l'avortement dans l'entre-deux-guerres,
permet de voir dans quelle mesure l'évolution des mentalités s'est répercutée
dans la pratique judiciaire. La dernière partie propose une analyse des
dossiers d'abandon de poursuite de l'arrondissement judiciaire de Dinant, qui
permet de mieux cerner le profil et les motivations des différents protagonistes
de l'avortement et de sa répression.