Après quarante années passées dans la magistrature - dont
vingt à la cour d'assises de Paris comme avocat général -,
Philippe Bilger raccroche la robe rouge : il a quitté une
institution qu'il a aimée, servie, mais qui l'a aussi déçu. Il avait
soutenu avec enthousiasme le candidat de 2007 qui, une fois
devenu président de la République, a noué avec la Justice et
l'État de droit une relation médiocre et favorisé esprit de cour,
préférences ostensibles, l'expression d'une démocratie au
quotidien très imparfaite.
Philippe Bilger est un homme à la parole libre et il le revendique.
Le magistrat aussi bien que le citoyen ont été choqués,
voire indignés, par une politisation affichée de la Justice, des
errements et des scandales ayant pris, sous cette République
prétendue irréprochable, une ampleur inégalée.
Désormais libéré de son obligation de réserve, l'ex-magistrat
décrit sans complaisance et dénonce les petitesses, les faiblesses
d'une institution, révèle aussi ses grandeurs et regarde avec
cruauté et lucidité un univers qui n'est plus le sien.