Issu d'une famille de paysans du nord du Japon, Kobayashi Takiji, né en 1903, est employé à la Banque du Défrichement de Hokkaidô. Il s'intéresse parallèlement à la littérature et participe à la création de la revue Kurarute (clarté), dont le nom s'inspire du mouvement initié par Henri Barbusse. Dans le même temps, il découvre les conditions de travail des ouvriers et paysans de l'île d'Hokkaidô, où sa famille avait été contrainte d'émigrer lorsqu'il était enfant. Devant le succès de ses premiers livres, tant auprès des intellectuels qu'auprès des ouvriers et des paysans, il est mis sous surveillance par l'appareil de sécurité de l'État. La publication du Propriétaire absent, dans lequel il dénonce la responsabilité directe de la banque qui l'emploie dans la pauvreté des paysans, lui vaut d'être renvoyé à la fin de 1929. La parution la même année du Bateau-usine le consacre comme l'un des plus grands romanciers de la classe ouvrière japonaise. Mais, dans le contexte de la répression sévère des mouvements de gauche, l'ouvrage est censuré dès sa sortie. Le succès conduit Kobayashi à sa perte. Emprisonné à deux reprises puis libéré au début de 1931, il vit dans la clandestinité. Le 20 février 1933, il tombe dans un guet-apens de la police politique. Emmené au commissariat, il meurt sous la torture.