Le bel été
« À cette époque-là, c'était toujours fête. Il suffisait de sortir et de traverser la rue pour devenir comme folles, et tout était si beau, spécialement la nuit, que, lorsqu'on rentrait, mortes de fatigue, on espérait encore que quelque chose allait se passer, qu'un Incendie allait éclater, qu'un enfant allait naître dans la maison ou, même, que le jour allait venir soudain et que tout le monde sortirait dans la rue et que l'on pourrait marcher, marcher jusqu'aux champs et jusque de l'autre côté des collines. »
Le bel été est celui de Ginia, une jeune ouvrière de Turin qui vit son adolescence comme une « fête » - elle se promène avec ses amies, va danser dans les collines, se mire dans les vitrines pour se voir femme. Amelia, plus mûre et plus délurée, l'introduit dans un milieu de peintres où elle pose nue pour Guido. Le bel été n'est pas le récit de l'innocence mais celui de sa perte - celle qui se « sent seule et nue » pensera au suicide : « On se tue parce qu'un amour, n'importe quel amour, nous révèle dans notre nudité, dans notre misère, dans notre état désarmé, dans notre néant » (Cesare Pavese, Le métier de vivre, 25 mars 1950). Ginia se perd une dernière fois en suivant Amelia l'initiatrice sombre, la lesbienne syphilitique dont elle embrasse la poitrine malade.