Multipliant les évocations de lieux - gares, postes-frontières, ambassades... -, de personnages et de figures mythiques que le lecteur français voudra découvrir ou redécouvrir - écrivains, diplomates, espions, savants ou militaires - et d'époques marquées par les spectaculaires ruptures qui ont scandé le siècle précédent, Karl Schlögel nous convie à une visite de Berlin à travers un prisme original autant que fécond : l'osmose culturelle entre Berlin, « gare de l'Est de l'Europe », et la Russie dans leurs avatars communs au cours du XXe siècle.
L'auteur, instruit par l'histoire telle qu'il l'a vécue, enseignée et écrite, et convaincu de l'inanité du dogmatisme, fait ici un choix méthodologique dont la riche iconographie de l'ouvrage devient partie intégrante, et dont on ne peut s'empêcher de souhaiter qu'il fasse école. S'il revient finalement au lecteur de tirer ses propres conclusions, on peut gager qu'il conservera en fin de compte à l'esprit bien davantage d'images, de fragments de proses, d'indications topographiques, en bref de notions historiques, que ne lui en eût suggérés un livre d'histoire classique.