«Je sais bien que les bébés viennent des graines, mais ce que je ne sais pas, c'est qui les a mises dans le nid (...).»
«Je m'occupe tout le temps de théorie, je m'en occupe beaucoup trop, si bien que les occasions qui se présentent me servent plus à travailler ma propre théorie qu'à faire attention aux questions de thérapie.»
De ces paroles d'une petite fille de quatre ans à celles de Freud, un même besoin insiste, celui de savoir. Il néglige les théories déjà constituées telles qu'on les fournit à l'enfant ou telles que le chercheur les trouve dans les livres.
La représentation de ne pas avoir toujours existé et de ne pas être assuré d'exister toujours, jointe à la découverte de la non-évidence du lien d'amour, crée pour l'enfant le point de départ d'un besoin de causalité pour rétablir le sens qui s'est effondré. L'étape ultérieure passera de la constitution de l'énigme à des tentatives de réponses, par la construction de mythes «magico-sexuels».
C'est en détaillant, à l'intérieur et en deçà des théorisations sexuelles freudiennes trop figées, différentes strates successives constitutives de l'acte de théoriser dans l'enfance - constructions magico-sexuelles, activité fantasmatique, historisante et enfin théorisante -, que cet ouvrage se propose de repenser l'acte de théoriser. L'auteur y explore également le devenir de ces diverses activités à l'adolescence, puis chez l'adulte dans la démarche romanesque, historienne, et théorico-scientifique.