Sous la houlette du Renouveau National depuis plus d'un quart de siècle, le
Cameroun connaît deux crises majeures : une crise sociale sous les traits d'une profonde
fracture sociale matérialisée par des inégalités criantes au sein de la société, et une crise
civique ayant transformé l'Etat en une véritable truanderie subsaharienne. Ainsi, en
plus des carences quotidiennes sur le plan national, de nombreux Camerounais subissent
une discrimination statistique traduisant le fait qu'ils sont tous assimilés à des truands à
cause de l'esprit peu vertueux d'un groupe au pouvoir. D'où le constat d'un profond
divorce entre les élites et les populations dans un écosystème sociopolitique où la libido
accumulative et la satisfaction des plaisirs des orifices deviennent les buts ultimes. La
République ne cherche plus les objectifs de progrès, de justice et d'égalité, mais la
construction de droits aménagés qui supplantent les droits prévus par la citoyenneté
camerounaise. Celle-ci est confinée à la politique du perroquet qui consiste à répéter ce que
pensent et disent les possédants. En conséquence, le j'ai donc je suis est ce qui fait la
tendance lourde du «Biyaïsme» en ce sens qu'il prend la place du je pense donc je suis
incompatible avec le pulsionnel, l'archaïque et le vertige narcissique qui caractérisent le
Renouveau National. Le Cameroun est ainsi inscrit dans un processus de (dé) civilisation
des moeurs dont le point culminant est l'opération Epervier. D'où une justice pénale érigée
en assureur en dernier ressort des carences du champ politique alors que l'Etat de droit recule.
La suite logique est un décalage abyssal entre le lexique politique du Renouveau National
et ses résultats réels.
Comment un régime qui suscita moult espoirs aux Camerounais s'est transformé en
une masturbation politique au service du plaisir solitaire de garder le pouvoir coûte que
coûte au point de se considérer comme fin de l'histoire ? Le pays peut-il en sortir et
comment ?
Le «Biyaïsme», symboliques, idéologies et pratiques politiques du Président Biya
au pouvoir au Cameroun depuis 1982 sert ici de modèle empirique. Ce livre en fait une
analyse sociopolitique et propose trente mesures pour sortir le Cameroun, tant de la
crise sociale que de la crise civique.