«Les potos voulaient fêter ma sortie de placard à la Loco, la boîte
à banlieusards de Pigalle. Simplement, débouler à sept paires
de couilles sapées comme des scarlas, c'était sûr qu'on allait
se faire refouler comme des trimards. Résultat, on pointe tous
au bois de Boubou. Perso ça m'arrange, j'étais plus saucé par
une mission underground que par une session guénave avec des
michetonneuses de quinze piges. Quand j'ai proposé de bouger
au Bois, j'ai pensé que les soces se démotiveraient. Mais nan,
ce soir, c'est ma rapta.
Le seul truc qui leur a cassé les yeucs, ce sont les barrettes qu'on
trimballait sur nous. Mais comme j'ai dit : on débarque au Bois,
on planque le matos, on bicrave quelques morceaux et on tise
tranquille. Les potos me font confiance depuis le bahut, ils savent
qui est le boss et qui prend les initiatives. Je n'ai pas l'habitude
de proposer des plans foireux, les srabs me connaissent, on a
tous poussé dans le même tièque.»
Ainsi commencent les confessions du Boss, dealer officiel des prostitués(es)
transsexuel(le)s, des michetons et vagabonds du Bois de Boulogne et des
environs. À la tête du BDB-crew, une équipe organisée, constituée entre
autres de Youssouf et Vamp ses fidèles lieutenants, Souleymane et Makita les
mecs hardcore, Miki et Ahmé les jeunes guetteurs, le Boss s'impose comme
le maître des lieux, pulvérise ses concurrents, s'éloigne de Smoke, l'ancien
grossiste du quartier, et nargue Philippe, le condé.
Le business fait florès jusqu'au jour où Paola, un trans brésilien, véritable
star du Bois, se fait assassiner. La police quadrille alors tout le secteur.
Mauvais pour les affaires. D'autant que ce meurtre n'est que le premier
d'une série.