Quand l'Étranger arriva, Askanius fut son
bon génie : il lui prêta la somme pour ouvrir
son cabinet d'avocat. Une fois installé,
Édouard Libotz voulut se faire des amis, se
marier, «faire sa vie». «Il fit le bien et
résista au mal parce qu'il ne pouvait faire
autrement : la vertu était son destin.»
Mais Libotz ne réussit pas à sauver son ami
Askanius du désastre déclenché par le procureur
- symbole du mal absolu -, pas plus
qu'il ne parvient à se faire accepter dans la
province. Il part, il «supporte les coups du
destin, l'un après l'autre, sans laisser s'éteindre
son espoir tout ensanglanté».
«Libotz est un homme ordinaire, mais il est
entouré d'une aura qui fait penser à ces
jeunes gens dostoïevskiens, pareils à des
saints. Nul ne semble s'être rendu compte,
lorsque parut Le Bouc Émissaire en 1907,
qu'on avait là l'un des plus grands récits
écrits dans la langue suédoise. Il n'a pas été
surpassé par la suite, ni même égalé.» (Sven
Stolpe, biographe de Strindberg.)
«Mais j'insiste, sa lecture est d'un enchantement
drolatique et désespéré.»
Frédéric Vitoux, Le Nouvel Observateur
L'oeuvre gigantesque, l'influence majeure que
J.-A. Strindberg (né et mort à Stockholm,
1849-1912) a exercée sur la littérature mondiale
- de Kafka à Adamov, en passant par
Pirandello -, le situe au niveau des plus
grands.