Empreints depuis l'origine de superstitions et de croyances
populaires, les dictons ont servi aux hommes de repères vis-à-vis
de l'Univers et de leur propre destinée. Fruits de l'imagination
et de la sagesse populaire, ils ont été pour eux autant de moyens
de se situer dans le temps et l'espace.
Nés aux environs de l'an mil, transmis tout d'abord par la
tradition orale avant d'être diffusés par les almanachs, les dictons
accompagnent les fêtes religieuses, illustrent l'histoire réelle ou
imaginaire de chacun des saints du calendrier dont on espère
la protection. Ils suivent les mouvements de la nature, la vie de
la flore et de la faune. Ils aident les paysans à prévoir le temps,
à s'adapter au rythme des saisons. Ils offrent autant de conseils ou
de recommandations pour l'alimentation, l'hygiène et la santé.
Ils servent à mieux comprendre et interpréter des phénomènes
météorologiques souvent perçus comme menaçants. Les dictons
ont aussi vocation à illustrer les modes de vie, les manifestations
organiques, les façons de se nourrir, de se vêtir et de se comporter.
Ils parlent, d'une manière souvent crue et imagée, d'amour,
de débauche et de sensualité. Ils jalonnent ainsi chaque étape
de l'existence humaine, de la naissance à la mort.
«Le dicton permet de dire, tout en n'engageant à rien, pour le
plaisir de parler, écrit Agnès Pierron dans sa préface. Il fait jaillir
l'étincelle du banal. Par son existence même, le dicton proclame
son autonomie. Il circule comme un électron libre, intouchable.»
On savoure ici toute la richesse d'un patrimoine linguistique
qui a conservé une fraîcheur et une vitalité inépuisables.