La méchanceté est un art à la condition d'être drôle et inspirée.
Préfacé par un maître du genre, Philippe Alexandre, cet ouvrage
offre le florilège le plus complet et jubilatoire qui soit des traits
d'esprit, saillies, épigrammes et autres «vacheries» qui ont jalonné
l'histoire littéraire, mondaine et politique de l'Antiquité à nos jours.
Certaines époques et certains milieux se sont particulièrement
illustrés dans cet exercice vivifiant : les cercles littéraires des
XVIe et XVIIe siècles, les salons et la cour de France au siècle
des Lumières, le monde politique et la société mondaine de la
IIIe République, l'Angleterre postvictorienne, la grande période
hollywoodienne de l'entre-deux-guerres... Autant de moments où
la liberté d'esprit et une lucidité aiguisée se sont exprimées sans
crainte de démystifier et tourner en ridicule les figures installées
du conformisme intellectuel et de l'académisme pontifiant.
Parmi les experts en la matière, on trouve de grands hommes
d'État. Clemenceau, l'un des plus féroces, disant à propos du
président de la République, Félix Faure, qui venait de mourir :
«En entrant dans le néant, il a dû se sentir chez lui.» Churchill,
tout aussi impitoyable, au sujet de son successeur Clement Attlee :
«Un taxi vide approche du 10 Downing Street, Clement Attlee
en descend...» De célèbres dramaturges ou comédiens firent eux
aussi profession de rosseries en tout genre. Ainsi Sacha Guitry,
commentant en ces termes l'élection à l'Académie française
de l'un de ses confrères : «Ses livres sont désormais d'un ennui
immortel.» Ou Tristan Bernard, disant d'une actrice en vogue :
«Pour se faire un nom, elle a dû souvent dire oui.»
Le répertoire rassemblé et présenté par François Xavier Testu
fourmille de mots de la même veine, de formules souvent hilarantes
et toujours assassines, qui constituent autant de trouvailles
irrésistibles. On les lira avec la même délectation qui a animé
les meilleurs esprits de leur temps.