Un gros bourg entre plaines et montagnes, où l'eau vive dévale le long des rues étroites, où les fontaines chantent sous les ormes et les platanes, voilà Sorèze où Jean Mistler a vécu les années les plus belles, les plus marquantes de l'existence, celles de l'enfance. Un rêve a dominé la sienne: aller au bout du monde. Les gens de Sorèze n'avaient que quelques kilomètres à faire pour y arriver: il se trouvait alors au pied de la cascade de Malamort, à la fin du chemin qui s'accrochait dans les gorges où court le Sor.
Aujourd'hui, la route ne s'achève plus à la cascade et la vie a bien changé. Était-ce vraiment la Belle Époque? Alors, rien ne pressait et chacun vivait avec mesure dans un cadre immuable, chichement s'il le fallait - et il le fallait souvent - mais l'or n'était pas la formule magique qui donnait à ce temps-là son atmosphère enchantée.
Après Sorèze vient Castelnaudary, des vacances en Allemagne, puis Carcassonne et Paris. Jean Mistler est devenu étudiant et prépare l'École normale, mais il y a la guerre, la caserne et le front avant de poursuivre ses études. Vingt ans sont là, relatés avec une sincérité familière qui donne à ces souvenirs une fraîcheur et un charme envoûtants.