Les hommes se livrent à un bricolage toujours recommencé pour produire et reproduire ce que l'on a coutume d'appeler la société. Pour ce faire, ils utilisent les ressources que leur apporte cette même société, au gré des circonstances et de leurs intentions. Celles-ci ne sont pas nécessairement marquées du sceau de la rationalité.
Les passions entraînent les hommes davantage que la raison. Les myriades d'interactions, relevant autant du pathos que du logos, qui engendrent l'ordre du social (qui n'est en réalité qu'un désordre) se déroulent dans le temps. La structuration désigne avant tout un ensemble de phénomènes temporels, que les individus ne contrôlent qu'imparfaitement, en dépit de leurs efforts pour institutionnaliser et ritualiser leurs relations dans les diverses sphères du monde vécu. Les hommes, pour reprendre la célèbre formule de Marx, font l'histoire, mais ne savent quelle histoire ils font.
Constatant les irrationalités et les passions constitutives du social, est-il possible d'en produire un discours scientifique, appelé communément sociologie ? C'est la question à laquelle il est tenté de répondre à l'issue de cette exploration des multiples facettes du bricolage humain.