Le camp de Garaison
Guerre et nationalités 1914-1919
Dans les locaux pratiquement inoccupés depuis 1903 de l'ancien établissement de la congrégation des pères de Garaison, dans les Hautes-Pyrénées, des Austro-Allemands sont internés à partir du 7 septembre 1914. Dès la mobilisation, ces ressortissants de pays en guerre contre la France sont évacués de Paris, puis internés dans des camps - une cinquantaine en France -, dits « de concentration », en un temps où cette expression est neutre.
Les hommes d'âge militaire, c'est-à-dire mobilisables, ont vocation à y demeurer jusqu'à la fin de la guerre afin que l'ennemi ne puisse pas les enrégimenter. Certains y resteront jusqu'en 1919 alors que les femmes, les enfants et les vieillards doivent être rapatriés. Mais nombre d'Allemands et d'Austro-Hongrois, immigrés dès 1880, ont épousé des femmes qui, françaises d'origine, sont devenues Allemandes ou Austro-Hongroises par mariage. Dès lors étrangères, elles sont, à ce titre, souvent internées alors que leurs enfants d'âge militaire issus de ces mariages, devenus Français par droit du sol, combattent sous les couleurs françaises.
José Cubero interroge les dossiers individuels et les drames qu'ils dévoilent : que peut signifier un rapatriement pour des Françaises devenues Allemandes par mariage ou pour des ressortissants Austro-Allemands qui n'ont plus d'affections ou d'intérêts dans leurs pays d'origine ? Des pays que souvent ils ne connaissent pas ou ne connaissent plus.
Toute la question de l'Europe pendant la Grande Guerre, mais à « hauteur d'homme », avec des regards qui se croisent, ceux de l'administration et des internés, francophiles ou germanophiles.