Paul d'Ivoi (1856-1915)
"Depuis six semaines, Niète dormait dans l’un des cimetières de Madrid, l’espagnole.
Depuis six semaines, mon directeur et ami m’accablait de besogne, cherchant à noyer mon souvenir funèbre dans le souci du Times, de ce noble et puissant journal qui naguère était mon unique amour.
Hélas ! dans le travail, comme durant les heures oisives, j’étais toujours deux !
Auprès de moi, se tenait l’ombre de la fiancée disparue.
L’ombre, je dis bien, car la lumière d’une personnalité réside toute entière dans ses yeux, et par une cruauté bizarre de ma mémoire, il me suffisait de clore les paupières pour reconstituer la chère, la douloureuse silhouette évanouie dans l’au-delà, seulement, elle aussi m’apparaissait les paupières irrémédiablement closes sur ses yeux de bluets.
En vain, je tendais ma volonté... Je voulais éperdument revoir ce rayon adoré, emprunté à l’azur des pervenches. Effort inutile, supplément à une douleur déjà infinie en elle-même, je ne pouvais plus jamais évoquer les yeux de bluets.
Et cependant, by Heaven ! j’aurais dû échapper à cette obsession si mon âme de reporter n’avait été en quelque sorte plongée en léthargie par la souffrance de mon entité humaine.
Le « patron » me bourrait de travail, me traitant en journaliste dont les facultés professionnelles seraient actionnées par un moteur de quarante chevaux.
Et dans les brefs intervalles de ce journalisme à haute pression, quelqu’un le suppléait, m’aiguillant malgré moi, sans que j’en eusse conscience, vers le mystère nouveau qui devait me verser, sinon l’oubli, du moins le désir de vivre."
Max Trelam, journaliste au "Times", tente d'oublier la mort de sa fiancée, Diete (voir "L'homme sans visage"). Une nouvelle affaire va le remettre sur la route du mystérieux espion X. 323 : des personnes importantes meurent bizarrement avec le rire aux lèvres... Aux mêmes endroits, des épidémies infectieuses se déclenchent...
deuxième roman de la trilogie "L'espion X. 323".