Comment expliquer qu'un mode d'organisation capitaliste - fondé sur un principe d'accumulation continue - autorise la perpétuation d'activités qui obéissent à une autre logique et paraissent lui poser des limites ? Pour résoudre cette énigme, l'ouvrage évalue les clés de lecture disponibles et formule de nouvelles propositions.
Pour nombre d'auteurs, le capitalisme procède de forces économiques naturelles et autonomes, accompagnées ou canalisées dans un second temps par quelques politiques publiques. Il se heurte parfois à une résistance - que le terme serve à désigner une force d'obstruction passive ou une capacité de mobilisation. L'ouvrage invite à inverser la perspective et à considérer plutôt les rapports de force politiques qui débouchent sur la représentation d'un ordre économique naturel et qui expliquent le développement du capitalisme. Il examine sur ce mode les activités des entrepreneurs, mais aussi les affrontements entre chercheurs et les luttes qui ont cours au sein des administrations publiques. Dans leur ensemble et par leur articulation, différents champs composent ainsi les structures politiques de l'accumulation. Dans certains cas et sous certaines conditions, des activités non capitalistes s'en trouvent dans le même temps confortées : de multiples agents les perçoivent comme extérieures à l'ordre économique naturel ; ils anticipent leur disparition et se persuadent qu'il suffit de laisser la nature accomplir son oeuvre. Nul ne travaille à leur élimination ni ne pousse à l'organisation d'un mouvement qui en prendrait la défense.
Pour mesurer la portée de ses propositions, l'auteur retient l'exemple de l'agriculture en Roumanie : il s'efforce d'expliquer la coexistence sur ce terrain de grandes exploitations capitalistes et de petites propriétés qui entretiennent des pratiques d'autoconsommation, sans prêter à la moindre forme d'accumulation. Au-delà de ce cas d'étude, l'ouvrage affiche une visée pédagogique et offre une présentation actualisée des théories du capitalisme. Il pose par ailleurs les bases d'un nouveau programme de recherche en économie politique.