«C'est paradoxal !» : l'expression semble
s'être banalisée. Elle exprime la
surprise, l'étonnement, la colère
parfois, devant des situations jugées incohérentes,
contradictoires, incompréhensibles. Quelques formules
glanées ici et là illustrent cette inflation du paradoxal :
«Je suis libre de travailler 24 heures sur 24», «Il faut faire
plus avec moins», «Ici, il n'y a pas de problèmes, il n'y a
que des solutions», «Je traite de plus en plus de travail en
dehors de mon travail et inversement», «Plus on gagne du
temps, moins on en a»...
L'ouvrage analyse la genèse et la construction de cet
«ordre paradoxal». Il explore les liens entre la financiarisation
de l'économie, l'essor des nouvelles technologies
et la domination d'une pensée positiviste
et utilitariste. Il montre pourquoi les méthodes de
management contemporain et les outils de gestion
associés confrontent les travailleurs à des injonctions
paradoxales permanentes, jusqu'à perdre le sens de
ce qu'ils font.
Enfin, cet ouvrage met au jour les diverses formes
de résistance, mécanismes de dégagement ou réactions
défensives mises en oeuvre par les individus.
Pour certains, le paradoxe rend fou. Pour d'autres,
il est un aiguillon, une invitation au dépassement,
à l'invention de réponses nouvelles, individuelles et
collectives.