En 1919, le procès de Landru, ce «nouveau Barbe-Bleue»
qui brûlait dans sa cuisinière les cadavres
de ses maîtresses, connut un énorme retentissement.
Cependant, au-delà de ses forfaits, dont la chronique
se fit si largement l'écho, qui était le célèbre criminel ?
Cet homme cultivé, très soucieux de sa famille, inventeur
talentueux mais escroc sans envergure, qui étonna
ses avocats et ses juges par son esprit et son sangfroid,
reste bien difficile à cerner. Comment la personnalité
de cet assassin énigmatique s'est-elle construite ? Qu'en est-il de
ses affects, de sa vision du monde ? Landru était-il pervers narcissique,
maniaco-dépressif ou schizophrène ?
S'appuyant sur les investigations et les expertises judiciaires de l'époque
- expertises souvent approximatives -, Francesca Biagi-Chai reconstitue
minutieusement les faits, et retrace la biographie de Landru à la lumière de
la psychanalyse. Elle décrit ainsi le lent développement d'une psychose,
longtemps dissimulée sous une apparente normalité, dont les actes macabres
coïncideront avec le temps de la guerre. Sa réflexion, ensuite élargie à
d'autres affaires, met en relief l'affinité troublante des tueurs en série avec le
monde moderne et pose en termes précis le problème délicat et très controversé
du rapport de l'aliénation mentale et de la responsabilité pénale.