
Cet ouvrage fait suite à L'aube de l'Un, qui était consacré
essentiellement à la dimension sociale et politique des textes d'Héraclite
et Parménide. Ici, il s'agit de mettre à jour, chez Platon et Aristote, la
réciprocité entre la pensée de l'être et la pensée de la cité, sur le modèle
de la «centro-circularité». Cet exercice révèle, par-delà les différences
de lexique ou de conception, la troublante continuité qui court, des
Présocratiques à l'aristotélisme. Et au-delà.
Si les grands métaphysiciens se sont révélés des penseurs politiques,
n'est-ce pas que la «structure ontologique» qu'ils embrassaient leur
enjoignait intimement sa transposition historique ? Et si les entités
politiques, les sociétés, fonctionnent jusqu'à nos jours selon un «effet-centre»
dominant, peuvent-elles prétendre s'être dégagées de la tradition
métaphysique ?
Vérifier que le discours «stato-ontologique» institué normalise
invariablement l'allogène, ne servira pas seulement à la clairvoyante
dénonciation de ses excès pratiques inhumains, ou à la déconstruction
esthétique du prince et du sage ; c'est un enjeu pour chacun, pour ses
représentations, son imaginaire, afin de se libérer des formes obsolètes
d'organisation collective, d'entretenir l'ouverture démocratique,
d'explorer l'infini trans-national. Telle est l'intention finale de cette
contribution originale à l'histoire critique de la philosophie européenne.
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