Dans ce récit, l'auteur nous plonge dans l'Estonie avant et pendant la
Deuxième Guerre mondiale. Le narrateur, bien des années plus tard, se
souvient : sa vie d'étudiant dans un petit pays qui s'efforce de survivre
face à l'appétit croissant des grandes puissances prédatrices voisines, les
examens, les filles, l'inquiétude devant les événements qui troublent
l'Europe et qui vont la troubler bien davantage. Puis vient la guerre
à laquelle l'Estonie, contre toute évidence, espère pouvoir échapper.
Ce sera alors, sous des prétextes fallacieux, l'occupation du pays par
les troupes soviétiques, suivie, à brève échéance, par l'annexion pure et
simple faisant suite à des élections judicieusement organisées pour ne
laisser aucun doute quant à leur résultat. Une occupation chassant l'autre,
ce sera bientôt la Wehrmacht qui va s'emparer du pays et les Estoniens
n'auront d'autre choix que de tenter de survivre dans les conditions les
moins désastreuses possibles. Dès avant l'invasion allemande, le meilleur
ami et mentor du narrateur sera déporté en Russie dans un camp d'où
il ne reviendra pas.
Il ne reste plus pour le narrateur, qui n'est pas sorti indemne de tout
ce chaos, qu'à se faire une philosophie désabusée en espérant, sans trop
y croire, en la venue de jours meilleurs.