Il y a dans ces paysages maritimes une force qui nous dépasse.
Comment en nier la beauté primitive, envoûtante, qui nous submerge calmement ?
C’est ainsi.
Le soleil se lève, dans toute sa splendeur juvénile, encore pudique.
C’est ainsi, le soleil se couche dans ses amples teintes extravagantes et chaleureuses.
Nous marchons sur le rivage. Pieds nus. L’eau transparente glisse devant nous, entre nos orteils, puis se retire avec sa dentelle de bulles et d’écumes, avec ses habits d’algues, de coquillages et de sable dégringolant.
Nous marchons sur le rivage, attentifs à l’eau fraîche qui lèche nos pieds, à la lumière qui joue de ses couleurs jusqu’au plus intime de sa symphonie.
C’est ainsi.
C’est beau et intense.
C’est ici que Chris Friel nous entraîne. Sur ces rivages sauvages et magnifiques. Sur ces plages inconnues et pourtant familières.
Comme des tableaux à la mouvance lumineuse, les photographies de Chris Friel nous donnent à voir/toucher/ressentir la rémanence de paysages immuables. Par la profondeur de ses clichés, il nous offre l’empreinte unique - chargée de force, de couleurs et de textures – et sans cesse renouvelée de ces plages que nous avons tous un jour parcourues.
Cela pourrait être n’importe où sur cette planète. Une plage quelconque d’un quelconque pays. Nous sommes de toute façon chez nous.
Là où nous n’avons jamais cessé d’être.
Nous marchons sur ce bord de plage. L’eau glisse, se pose puis repart, joue de sa transparence sur le relief de nos jours fatigués.
Nous marchons, pensées perdues, égarées entre air eau et sable, quelque part dans cette interface fragile et éphémère, sur la ligne scintillante des éléments qui se fondent et se confondent. Pensées en vagues folles, violentes et intrusives, ou encore timides, à peine un voile nacré et elles ne sont déjà plus.
Nous marchons aux côtés de Laure Morali, empruntons la trace de ses pas sur le sable humide, sur ce rivage inondé de lumière, dans cette clairvoyance des instants incisifs. Acuité des émotions qui filent se diluer et renaitre dans les vagues. Entre l’écume rose et le miroitement de l’eau.
Nous suivons Laure Morali, au cœur même du voyage, dans son flot émouvant. Et écoutons. Percevons. La force des marées, de ce qu’elles remuent en nous. Au tréfonds. Là où cela brûle, et consume. Là où cela palpite. En dedans. Cela joue sur nos ancres enfantines, contracte nos amarres. Et nous tenons tant bien que mal, fragiles et ballotés.
Nous tenons, en partie dilués par l’iode et le vent.
Cela pourrait être n’importe quelle année en arrière, après tout. N’importe quel jour, mois ou même saison. Cela pourrait être aujourd’hui. Ou même demain.
Quelle importance ?
Le Cercle du rivage est un voyage, une marche lente et aiguisée sur le fil de nos sens et de nos perceptions intimes. Un voyage vers notre renaissance.
Un grain d’éternité, précieux, battu par les marées et le vent du large.
Et que nous protégeons précieusement dans l’alcôve de nos mains.
Louise Imagine