Monique Wittig pense dans Le Chantier littéraire
ce qui est au centre de sa pratique : le travail de
l'écrivain, vu comme fabricateur de chevaux de
Troie. L'analyse fait une part importante à la
nouvelle critique et au Nouveau Roman, et rend
à Nathalie Sarraute un éclatant hommage. Pour
Wittig, toute oeuvre littéraire importante est une
machine de guerre. Elle se produit en territoire
hostile, où elle apparaît d'abord étrange, inassimilable,
non conforme. Puis sa force (sa polysémie)
et la beauté de ses formes l'emportent. La
cité fait place à la machine dans ses murs, là où
elle pourra accomplir son travail de minage des
conventions littéraires et sociales. Le chantier
littéraire et le combat politique sont chez
Monique Wittig indissociables.
Lauréate du Prix Médicis en 1964 pour
L'Opoponax, Wittig dès avant 1970 joue un rôle
important dans l'apparition du mouvement de
libération des femmes : Les Guérillères paraissent
en 1969, Le Corps lesbien en 1973. En
1976, Wittig écrit Brouillon pour un dictionnaire
des amantes avec Sande Zeig et quitte la
France pour les États-Unis. Elle publie Virgile,
non (1985), et se consacre surtout à l'écriture de
courts textes de fiction ou théoriques, recueillis
dans Paris-la-politique et La Pensée straight.