«Le chasseur noir», titre d'un chapitre de ce livre - devenu un
classique depuis sa parution en 1981 -, est un personnage de la
mythologie grecque : c'est un jeune homme qui part à l'aventure
pour subir l'initiation, qui s'emploie aux techniques de la ruse,
mais qui disparaît pour ne plus revenir. Par là, l'auteur entend
montrer qu'il aborde le monde grec, non par la voie royale de
l'agora, de l'assemblée du peuple et de la plaine, mais par celle
des marges : les jeunes gens, les femmes, les artistes, les esclaves,
les lointains de la cité. Il s'agit pourtant d'une entreprise globale :
la pensée grecque - celle des poètes, des mythologies, des
philosophes - et la société grecque sont ici étudiées dans leur
liaison, pour l'effet de miroir qu'elles exercent l'une sur l'autre,
tant l'une est incompréhensible sans l'autre.
Les textes rassemblés ici abordent quatre thèmes principaux :
l'espace et le temps ; les jeunes et les guerriers ; les femmes, les
esclaves et les artisans ; la cité pensée et la cité vécue. Ainsi apparaît
l'unité de l'ensemble, fondée sur la mise en rapport de ce qui
semble a priori séparé. Au terme du livre, bien des rapprochements
inattendus apparaissent comme nécessaires et prennent
ce qu'il est convenu d'appeler un sens. Ces études ont en effet
une ambition commune : montrer qu'il y a un sens. C'est là une
entreprise qui concerne un tout autre public que celui des seuls
spécialistes du monde grec.
«L'approche de Pierre Vidal-Naquet est surtout anthropologique
[...]. Il s'agit d'atteindre, à partir d'analyses très savantes et subtiles
des textes, les fondements primitifs de la vie sociale, intellectuelle
et politique grecque.» Le Monde