Longuement mûri, ce roman répond en partie au programme de faire du Walter Scott avec un matériau normand, mais ce n'est pas cet aspect qui nous retient le plus aujourd'hui. Nous y voyons bien davantage une troublante rêverie sur quelques-unes des obsessions endurantes de Barbey (le sexe et la violence, avec toutes leurs ambivalences), et surtout une méditation
mélancolique, pré-proustienne, sur ce que le temps dissout, et les chances de le vaincre par le récit. Plutôt qu'un palpitant
roman d'aventures (ce qu'elle est aussi), l'oeuvre nous apparaît comme une empoignante réflexion sur les pouvoirs de la mémoire et de la littérature.