Le choc des souverainetés
La crise sanitaire mondiale et la guerre en Ukraine ont opportunément remis la souveraineté sur le devant de la scène. Alors que ce concept politique était ringardisé, voire diabolisé, il est désormais sur toutes les lèvres. Les élites hexagonales et européennes, qui ne juraient que par la « mondialisation heureuse » et le « doux commerce », reviennent peu à peu sur leurs illusions passées. Face au risque accru de dépendance qui pèse sur le Vieux Continent, plus personne ne peut ignorer cet enjeu capital pour l'avenir de nos sociétés.
Au moment où se profile un choc des souverainetés à l'échelle planétaire, la France et l'Europe doivent à tout prix renforcer leur autonomie stratégique. Qu'il s'agisse de résilience économique, de réindustrialisation, d'agroalimentaire, de défense, d'énergie, d'accès aux métaux rares, d'innovations digitales ou encore de cybersécurité, les enjeux ne manquent pas. Les dirigeants des États et des entreprises ont la responsabilité conjointe de mettre la promotion de la souveraineté au coeur de leurs priorités.
L'heure n'est plus aux tergiversations ou aux demi-mesures. Pour éviter que les nations européennes ne s'affaiblissent ou ne subissent les répercussions du chaos à venir, il est temps d'effectuer des choix économiques forts qui tranchent avec le logiciel idéologique des trente dernières années. Pilier de notre architecture institutionnelle, la souveraineté est redevenue une notion-clé pour penser le futur et s'armer dans la compétition internationale.