Le choc du sujet
De l'hystérie au cinéma (XIXe-XXIe siècle)
Des artistes contemporains s'inspirent des images de l'hystérie. Il y a là de quoi surprendre : pourquoi, aujourd'hui, renouer avec une imagerie datant du dernier tiers du XIXe siècle, l'imagerie spectaculaire d'une maladie dont la communauté médicale a très vite reconnu les infondés scientifiques ?
Du cinéma des premiers temps aux dispositifs visuels récents, l'hystérie pose au cinéma des problèmes d'image qui rencontrent des formes de la pensée énoncées au XIXe siècle et dépliées plus tard dans le champ des sciences humaines.
Rouvrir ce corpus médical pour interroger le cinéma, c'est alors évaluer l'influence d'un regard clinique sur l'élaboration du film et faire l'hypothèse que la mise en scène s'imagine et s'invente sur un fond pathologique. C'est aussi contraindre le regard à embrasser des champs de savoir a priori très éloignés dans leurs outils et leurs approches, entre esthétique et anthropologie, histoire, épistémologie et poétique, et repenser les critères de l'analyse de films à l'aune de la question qui traverse cette réflexion : celle de la mise en oeuvre dans les images de cinéma d'une culture visuelle, issue des protocoles scientifiques et de la culture populaire. D'un siècle à l'autre, le choc du sujet s'est déplacé. Soumis à la critique d'une civilisation bourgeoise, il sert aujourd'hui la métaphore d'une aberration politique.