Des craintes d’une Europe trop libérale exprimées par Pierre Mendès France, au soutien du général de Gaulle à une Europe modernisatrice mais non fédérale, le modèle économique et institutionnel de la CEE est âprement débattu depuis les débuts de sa négociation en 1955 jusqu’au départ du président français en 1969. S’appuyant sur une approche novatrice – le croisement des sources françaises et européennes – cette étude montre un visage méconnu du général de Gaulle, celui d’un « père involontaire » de l’Europe. Sans son action, la CEE n’aurait pas pu se développer aussi rapidement. De plus, l’étude de politiques publiques négligées comme la « programmation », une forme de planification européenne développée par le commissaire Robert Marjolin, les premières réflexions sur l’union monétaire, ou la naissance de la politique de la concurrence promue par les ordolibéraux allemands, montre que l’intégration économique européenne fait l’objet de vifs débats depuis l’origine. Les controverses actuelles sur l’Union économique et monétaire ou l’opposition entre politique de la concurrence et politique industrielle en sont ainsi éclairées. « On comprend ainsi que Laurent Warlouzet ne s’est pas contenté d’exploiter des points de vue français. Il a aussi tenu compte de conceptions exprimées par nos partenaires. C’est pourquoi ce livre si important mériterait de faire école... » Michel Albert, membre de l’Institut.