Les socialistes français sont en panne, tiraillés entre les contraintes d'un réformisme modéré et la tentation du romantisme révolutionnaire aux couleurs de l'antimondialisme. Les déclarations de leurs leaders n'y changent rien : nous sommes à la fin d'un cycle de l'idée socialiste. La gauche tout entière demande à être refondée.
C'est la nécessité de cette refondation que Jacques Julliard affirme dans ce livre, à travers un dialogue sur Blaise Pascal, sur les impasses du rousseauisme et la nécessité de considérer le mal radical comme une composante essentielle de l'action politique. Cette discussion passionnée est pour lui l'occasion de revenir sur ses engagements (la guerre d'Algérie, la CFDT, la Bosnie), sur son uvre d'historien du syndicalisme révolutionnaire et sur ses convictions religieuses.
A la fois autobiographie intellectuelle et livre d'intervention, ce dialogue sur l'origine toujours vive du socialisme français arrive à point nommé. Se référer à Pascal contre Rousseau, c'est rappeler, face à tous ceux qui voudraient éliminer le christianisme de l'histoire de l'Europe, qu'on ne saurait construire l'avenir sans regarder le passé en face.
Jacques Julliard est né en 1933. Directeur d'études à l'EHESS, il a publié de nombreux ouvrages, parmi lesquels Fernand Pelloutier et les origines du syndicalisme révolutionnaire (Seuil, 1971); La faute à Rousseau (Seuil, 1985); Autonomie ouvrière (Seuil, 1988); Ce fascisme qui vient (Seuil, 1991); La faute aux élites (Gallimard, 1997). Il est actuellement directeur délégué de la rédaction du Nouvel Observateur, où il donne une chronique hebdomadaire.
Benoît Chantre est né en 1963. Docteur ès lettres, il collabore à plusieurs revues. Il est actuellement directeur littéraire aux Editions Desclée de Brouwer, où il a publié un livre d'entretiens sur Dante avec Philippe Sollers (La divine comédie, 2000 ; « Folio », 2002).