Un cinéma social ? Un autre mot s'impose : populaire. La priorité accordée aux comédiens, la subordination de la forme aux impératifs du sujet, le goût du concret, l'horizon d'exemplarité qui n'arrondit jamais les faits anguleux : tout cela finit par configurer un cinéma populaire. « C'est mon but depuis toujours. Et je ne suis pas sûr de l'avoir atteint. C'est plus facile de faire un film d'auteur radical qu'un film populaire ».
Plaisamment paradoxale, l'affirmation est discutable. Mais ne se discute plus si la notion inclut aussi le type de réception désiré par une telle démarche, et qui procède de la quadrature du cercle : s'adresser à tous sans jouer le consensus mou, attirer du monde dans la salle sans recourir aux grossières manoeuvres de séduction populiste des films qui s'arrogent l'étiquette. François Bégaudeau