Le don, le volontariat, les fondations, la philanthropie sont au coeur
de la société américaine : 90 % des Américains participent, en donnant
du temps ou de l'argent, à une activité dite «non lucrative»
pour soutenir les écoles, les universités, les arts, la nature, l'action
humanitaire, les églises... Ce troisième secteur, ni capitaliste ni socialiste,
représente 10 % de l'économie américaine et emploie 10 %
des Américains !
Curieusement, le sujet est peu connu, peu décrit : il n'existe aucun
livre qui en donne une vision d'ensemble. Le Coeur américain propose
cette vision sous la forme d'une enquête menée dans tous les
États-Unis auprès de ceux qui donnent et de ceux qui reçoivent.
Ce voyage est accidenté : bien des fondations sont inefficaces ou
relèvent du spectacle. Certaines Églises font oeuvre utile, d'autres
non. Quelques fondations, dites think tanks, jouent un rôle politique
déterminant. D'autres défendent bruyamment des causes
qui divisent (drogue, armes), si bien que les minorités actives se
révèlent souvent plus influentes que la majorité silencieuse. C'est
la philanthropie qui vient réparer la société américaine, fragmentée
par la violence, les conflits ethniques et la faiblesse des protections
sociales collectives.
Observer aujourd'hui ce troisième secteur permet de découvrir
une face méconnue des États-Unis, mais aussi de la comparer à la
France et à l'Europe : en Europe, où l'État providence est à bout de
souffle, l'expérience américaine nous enseigne quelques approches
innovantes pour favoriser la solidarité, améliorer la vie des quartiers
difficiles, l'éducation, voire créer de nouvelles formes de citoyenneté
fondées sur la société civile plutôt que sur la dépendance
envers l'État.