Traduit en français par «piété», le mot grec eusebeia désigne en réalité tout autre chose que la piété au sens chrétien du terme. Il renvoie à une conception bien différente des rapports entre l'humain et le divin, des représentations que l'homme se fait des dieux. L'eusebeia règle à la fois les relations des hommes entre eux et avec la divinité, elle renvoie à l'intérêt privé comme à l'intérêt public. C'est pourquoi cette notion ouvre un accès privilégié à la connaissance de l'individu grec et de son recours au religieux pour se situer par rapport au monde et à la société.
Dans cet esprit, Louise Bruit Zaidman s'attache dans ce livre à décrire les pratiques et l'expérience religieuse des Grecs dans le cadre de la cité. Partant de l'histoire du mot et de la notion d'eusebeia, elle en illustre le fonctionnement à travers quelques figures célèbres, de Nicias à Alcibiade, Xénophon et Socrate... Et elle aborde enfin la réflexion des philosophes et des penseurs grecs sur la pratique de leurs contemporains et leur propre définition de la piété.
A la croisée de l'histoire culturelle et de l'anthropologie, cet essai se propose de montrer la spécificité d'un «modèle» de piété lié au contexte historique, social et culturel de la cité grecque. Il s'adresse à tous ceux qu'intéresse une approche de cet «autre» à la fois proche et lointain que constitue le monde de la Grèce ancienne.