« Le communisme est à l'ordre du jour » écrit, en 1950, Aimé Césaire (1913-2008) dans un célèbre poème rendant hommage à Maurice Thorez, le tout-puissant Secrétaire général du P.C.F. Le député-maire de Fort-de-France ne se doute pas encore qu'il démissionnera du Parti de manière fracassante six ans plus tard après la révélation des crimes de Staline dans le « Rapport Khrouchtchev », et qu'il bouleversera le paysage politique de la Martinique en fondant son propre parti.
Orateur né, poète porté aux nues par l'intelligentsia d'après-guerre, homme de couleur d'origine modeste, anticolonialiste convaincu, Aimé Césaire ajoute à ces qualités certaines un charisme exceptionnel. Fut-il pour autant la « créature » du Parti communiste français, dressée à la discipline d'appareil ? L'ouverture des archives officielles du Parti depuis le début des années 2000 a permis de lever d'importantes zones d'ombre dans le parcours du « camarade Césaire » grâce à des documents et témoignages inédits. Quelles furent les raisons profondes de son adhésion en 1945 ? En quoi la querelle avec Aragon sur le rôle de la poésie fut-elle décisive, annonciatrice de son émancipation future ? Quelles furent ses véritables relations avec Maurice Thorez dans le tourbillon d'une guerre des clans devenue permanente ?
En ce centième anniversaire de la naissance du poète, il est temps de rendre Césaire à Césaire.