Cet essai veut apporter une contribution à l'analyse de la modernité. Il se situe dans une perspective phénoménologique, tout en étant plus proche de la pensée de Lévinas que de celle de Heidegger.
Au lieu de présenter la modernité comme un système rationnel, ce texte la décrit comme une double rupture avec l'intériorité : la modernité effectue une coupure souvent violente avec la tradition, et elle veut amener l'homme à une nouvelle manière d'être au monde. Plus que sous la forme d'une recherche d'autonomie, il faut donc concevoir la modernité en des termes d'inquiétude et d'espoir.
L'architecture moderne, phénomène central de la modernité, vise à réformer le monde vécu afin de rendre possible une existence nouvelle, un Esprit Nouveau. Les textes et les oeuvres de Le Corbusier expriment une telle volonté de briser les habitudes anciennes par la transformation de l'espace architectural et par la création d'une poésie nouvelle. L'essai situe la pensée de Le Corbusier dans l'horizon de l'idéologie moderne et l'on souligne la parenté de ses idées avec celles de Gide et de Nietzsche.
La modernité veut concevoir l'homme comme un être mondain : mais par rapport à un modernisme excessif qui promeut l'idée d'une existence entièrement tournée vers le dehors, il s'agit de sauvegarder une distance au monde.