Les troubles des conduites alimentaires suscitent un intérêt
grandissant qui témoigne d'un accroissement de ces affections,
mais aussi de leur fort impact dans l'imaginaire social. Situées au
carrefour de la psychologie individuelle, des relations familiales
et sociales, et du médical, ces pathologies paradoxales offrent,
par leur complexité et leur caractère provocant, un modèle des
enjeux qui se développent préférentiellement à l'adolescence
et chez des jeunes femmes.
Cet ouvrage reprend les principales dimensions psychopathologiques
participant à la compréhension des conduites addictives
alimentaires et les articule avec les mécanismes neurobiologiques
entretenant la dépendance. Intégrant l'impact de
l'environnement socioculturel et des dimensions transgénérationnelles,
il propose une approche psychosomatique originale
de la boulimie et de l'anorexie, et met en avant une hypothèse
centrale dans les troubles des conduites alimentaires : la défaillance
du maternel chez les mères des patientes, en particulier
dans l'investissement du corps autonome, vivant et érotique
de l'enfant. Cette défaillance d'une «générosité de chair» ne
favoriserait pas une bonne intégration du féminin chez le sujet
et participerait à l'avènement d'une organisation sadomasochiste
qui le fixe à ses objets infantiles. Ce que démontre cette
organisation : une fausse autonomie dans une indépendance
trop disciplinée.
De nombreux exemples tirés de la clinique mais aussi de la
création artistique au sens large (littérature, peinture) viennent
étayer cette démarche rigoureuse, qui confirme la vitalité
d'une nouvelle clinique, intégrant les deux approches complémentaires
que sont la psychanalyse et la neurobiologie.