Tout au long de sa vie d'homme, de médecin, de psychanalyste, Pierre Benoît (1916-2001) n'a cessé de se laisser interroger par la question de la souffrance. Reconnaître l'humain dans sa spécificité, au coeur même des processus en jeu dans le corps de celui qui souffre, comme à toutes les étapes du processus de l'hominisation et de l'humanisation, tel a été son projet.
Observant que «la peine des hommes» n'est jamais dissociée des réalités langagières à l'oeuvre au sein même du corps, il fut conduit à privilégier ce qui jamais ne manque dans les relations humaines: les effets de transfert. La question du transfert et de cequi le «cause» devint ainsi l'objet de sa recherche. Celle-ci lui permettra d'avancer plusieurs hypothèses sur les «structures génératives de l'humain».
Ce qui est mis en lumière par sa réflexion a des implications qui relèvent aussi bien de l'éthique que du politique. La question même du «malaise dans la culture» est posée. L'oeuvre de Pierre Benoit intéresse, en définitive, non seule-ment le psychanalyste et le médecin, mais aussi bien le biologiste et le physicien, le philosophe et le linguiste, l'anthropologue et le travailleur social... ou, pour mieux dire, quiconque a le souci de l'humain.