En 1941, fuyant la ville moderne bombardée par les Allemands, une famille de la petite-bourgeoisie s'installe dans un vieux quartier du Caire, Khan al-Khalili, réputé plus sûr. Là, le fils aîné, Ahmad, quadragénaire taciturne et misogyne, s'amourache d'une jeune fille de seize ans, Nawal, mais n'ose pas la demander en mariage. Son frère cadet, Rouchdi, qui est encore à sa charge, sera plus entreprenant avec elle, et Ahmad est contraint d'assister en silence à leur idylle, plus amer que jamais. A la mort de Rouchdi, par suite d'une maladie pulmonaire, il fuit et le vieux quartier et Nawal...
Publié en 1946, Le Cortège des vivants (Khan al-Khalili) est l'un des premiers romans réalistes de Naguib Mahfouz et de toute la littérature arabe. On y trouve déjà l'ambiance populaire de Passage des miracles et de la Trilogie, et, finement dessinés, ces espaces typiques du vieux Caire, "l'escalier, les terrasses où se cherchent les mots et les gestes de l'amour" selon les termes d'André Miquel. Témoignage précis sur l'Egypte durant la Seconde Guerre mondiale, évocation d'un milieu social en pleine mutation, analyse des représentations traditionnelles de la femme dans les sociétés arabes, ce roman est surtout remarquable par le personnage de Nawal, adolescente soudain transfigurée par le désir des hommes.