« Entre de Gaulle et les républicains il y a d'abord, il y aura toujours le coup d'État. »Toute la thèse de François Mitterrand tient dans cette courte phrase.
Paru en mai 1964, Le Coup d'État permanent est un livre de combat. Mitterrand veut « s'attaquer au gaullisme », et c'est avec un sens aiguisé de la formule qu'il dresse un réquisitoire minutieux et féroce contre le régime du Général. Il dissèque chacun des actes du gouvernement, dénonce le « pouvoir personnel » instauré par de Gaulle depuis son retour aux affaires en 1958, engage à une vigilance républicaine de tous les instants contre tous les pouvoirs.
Avec ce livre, Mitterrand fait franchir à son combat une nouvelle étape : en choisissant l'arme littéraire pour affronter le Général, il prend à son tour date avec l'Histoire, ayant l'intuition que son propre destin doit passer par une opposition encore plus irréductible au gaullisme, quitte à en caricaturer la présentation de façon à susciter le débat.
Devenu, dix-sept ans plus tard, président de laVe République, François Mitterrand jugera inutile de « continuer de promener une polémique qui appartient à l'histoire ». Il n'en considérait pas moins ce Coup comme son meilleur ouvrage.