Le management est devenu un des
symptômes de notre société hypermoderne
: on gère son temps, sa famille
et sa vie tout comme on tente de gérer les
motivations de ses collaborateurs ou la bonne
marche d'un service. Bien gérer ne suffit
d'ailleurs pas. La quête de qualité totale et de
«zéro défaut» qui imprègne de plus en plus
l'univers de l'entreprise s'étend désormais hors
de ses frontières. Il s'agit de réussir sa vie,
d'être performant en tout, bref de «gagner»
dans une société qui ne veut connaître que le
succès et n'a que faire des perdants.
Parallèlement, un autre mouvement s'amorce
qui se préoccupe de la dimension «spirituelle»
de l'entreprise et cherche à lui conférer le
statut d'une instance de développement
personnel : on parle de l'identité, voire de
l'âme de l'entreprise et c'est par elle, à travers
elle, grâce à elle que l'individu est aussi censé
se développer et réaliser son idéal.
Or l'excellence a un coût : le stress permanent,
les «décompressions» physiques et psychiques,
la «brûlure interne» de ceux qui se
consument dans l'obsession de la performance
constituent la face cachée de cette course à
la réussite... L'entreprise, en effet, n'est pas
seulement pourvoyeuse de succès et de
carrière, elle est aussi, parfois, pourvoyeuse
de mal-être et d'angoisse.
C'est toute cette face d'ombre de notre société
de conquête qui constitue le coeur de ce livre,
qui s'appuie sur une recherche approfondie
dans l'univers managérial et intègre de nombreux
témoignages.