Quelles sont les valeurs de mémoire révérées par le culte moderne des monuments? A quoi s'opposent-elles? En quoi s'opposent-elles? Quelle mémoire préserver? Aloïs Riegl (1858-1905), l'un des plus célèbres historiens de l'art de fin du dix-neuvième siècle, répond à ces questions.
La modernité du culte des valeurs de mémoire réside dans l'acceptation de leur nécessaire conflictualité et ses implications: fin d'un sens commun, avènement d'un nouveau partage du sensible sous le règne du quelconque, absolue nouveauté d'une esthétique de la mémoire qui signe une démocratisation radicale du goût.
Celui qui fut aussi à Vienne le conservateur du Musée des arts et de l'industrie et le plus éminent des membres de la Commission centrale des monuments historiques, pose ainsi les fondements d'une nouvelle politique de la mémoire, démocratique, où les doctrines de conservation seraient enfin justifiées par une critique des valeurs de mémoire qu'elles engagent. Par les questions qu'il soulève, par les confusions qu'il dénonce, les dogmes qu'il combat, Le culte moderne des monuments (1903) demeure d'une surprenante actualité.
Mais là n'est pas le seul intérêt de cet essai. L'oeuvre d'Aloïs Riegl, s'avère aussi célèbre que méconnue. Des lectures peu attentives et en conséquence des traductions erronées ont entretenu la méconnaissance d'un historien de l'art inventif et subtil. L'obscurité supposée du concept de Kunstwollen n'en est que l'aspect le plus saillant. Avec cet essai Riegl invite à découvrir Riegl. Notre présentation aussi.