Délogé des jupes de sa mère, la belle ténébreuse de Biélorussie, et de son rôle de "bébé" par l'arrivée de Marin, son puîné, Jerome fuit l'école où ses grandes oreilles lui attirent moqueries et brimades. Il se perd dans le Bronx Ouest, lieu de sa petite enfance, et se choisit une famille hors norme.
Ce sont d'abord trois rats de cave, la trentaine, loufoques et philosophes, toqués d'Hollywood, gérants du Louxor, le vieux cinéma défraîchi où Jerome passe ses après-midi fugueurs. Puis c'est le Roi Farouk, parrain d'opérette, qui règne sur le commerce de soda-céleri, et son lieutenant Tyrone, le grand Black au cour tendre. C'est aussi Stanislaus, l'avocat de la pègre, le père d'élection, l'éminence grise du Cygne Noir, un cabaret bien malfamé où Faigele, "la plus belle des excroupières du Bronx", reprend du service.
Comme dans La belle ténébreuse de Biélorussie, premier volet de ces chroniques d'enfance, on retrouve l'univers glauque et extravagant qui fait le charme fou de Marylin la Dingue et de Zyeux bleus. On s'aperçoit que bébé Jerome est sans doute le personnage le plus romanesque de l'oeuvre de Charyn.