Histoire de l'Aunis et de la Saintonge
Comme l'écrit Jean Glénisson : « Ce livre est d'une éclatante nouveauté. » Trop peu étudiés, les débuts des Temps modernes ont façonné notre histoire locale. Dévastées, dépeuplées après l'interminable conflit franco-anglais, toujours « pays de frontière », menacées par les descentes anglaises et espagnoles, nos provinces n'ont pas achevé leur reconstruction en 1480 ; mais déjà commence une longue période de relative prospérité, un « beau XVIe siècle » qui se prolonge tard, jusqu'aux années 1560.
Dans une région dont l'identité est plus proclamée que réelle, comment marier l'Aunis et la Saintonge dont le seul point commun est alors d'appartenir au diocèse de Saintes ? La Rochelle se situe dans le ressort du Parlement de Paris ; Saintes et Pons sont des satellites de Bordeaux. Saint-Jean-d'Angély appelle de tous ses voeux un rattachement à Poitiers et à Paris. Quelles différences aussi, entre le « Pérou » des rois de France et l'intérieur, pays rural !
À partir de 1540, le « pays des isles » qui est celui du sel, connaît une étonnante prospérité : les marchands accumulent les capitaux, les « mariniers » se livrent au cabotage, multiplient les voyages à Terre-Neuve, pourchassent l'ennemi espagnol jusqu'aux Antilles.
L'introduction du calvinisme est favorisée par les contacts avec l'Europe du Nord et par l'adhésion d'une noblesse déçue par la paix de 1559. Les guerres de Religion sont plus cruelles encore que dans le reste du royaume : l'argent du sel et le rôle de La Rochelle en font le centre du « contre-État » huguenot.
Au début du XVIIe siècle, les traces des drames récents ne sont pas effacées.