La Chine veut être maîtresse de son approvisionnement en ressources alimentaires, énergétiques et matières premières. Elle anticipe les pénuries futures et cherche dès maintenant à s'en prémunir. Elle assure elle-même, grâce à d'énormes investissements, l'installation, le fonctionnement, le développement, les infrastructures nécessaires à la production des ressources naturelles de toute sorte, contre leur importation directe dans la République populaire. Elle participe ainsi très activement au développement de nombre de pays ou de régions qui seraient, sans cela, inexploités.
Cependant ce nouveau type de coopération, par son étendue et son volume, pèse sur l'équilibre des marchés et suscite craintes et angoisses dans le reste du monde. D'autant que l'offensive économique et diplomatique de Pékin prend un tour toujours plus politique et militaire. La perspective de l'épuisement physique des matières premières poussant chaque nation au nationalisme économique, la tension s'accroît. Or, la Chine tient une part trop importante dans l'économie mondiale pour qu'on la laisse décider seule – et imposer son propre modèle économique international au reste du monde.
Jean-Yves Carfantan est économiste. Après avoir été enseignant en France et au Brésil pendant 20 ans, il est désormais associé d'un bureau d'études brésilien et spécialisé dans le suivi des marchés de ressources naturelles. Dans ce cadre, il est notamment consultant d'un groupe minier et industriel de dimension internationale.