Paru en 1981 chez Skira, traduit en cinq langues, couronné par de nombreux prix, français et étrangers, le Journal du Romantisme fut salué en son temps comme un événement. Le livre était devenu introuvable : le voici enfin réédité, revu et augmenté d'une importante conclusion, on ne peut plus actuelle «Contre le nihilisme»...
Le romantisme, donc, comme on ne l'avait jamais donné à voir. A mille lieues des clichés sous lesquels on le dissimule. Plus radical encore que le surréalisme : devant la catastrophe d'un rêve de Révolution se renversant en Terreur, devant le rouleau compresseur des idéologies déjà en marche, le pari fou d'une dissidence radicale - en jouant jusqu'à sa vie sur les puissances de rupture de la littérature. Contre l'arrogance des dogmes, la liberté foisonnante de la fiction. Ou, pour reprendre la belle expression de Paul Rozenberg, contre les diktats des Infaillibles, le grand défi des Vulnérables.
Pas étonnant, donc, que les Maîtres penseurs, aussitôt, se soient acharnés à le rendre invisible : leur projet n'a-t-il pas toujours été de tuer le poème en chacun de nous ?
On comprend dès lors que, les doctrines s'effondrant, alors que nous hésitons, incertains, au seuil d'un nouveau monde, et que se repose de manière angoissante la question du sens, du sens de l'art, et du sens même de l'humain, nous puissions de nouveau retrouver ce que mit en jeu le défi romantique. Actuel, donc, absolument.