Hubert Masarik, un des deux diplomates tchécoslovaques présents à Munich le 30 septembre 1938 lors de la signature des accords du même nom, s'est toujours trouvé à des postes d'observation remarquables: à Prague, au début des années vingt, il est aux premières loges de la politique intérieure de son pays naissant; à Bruxelles, il suit la politique européenne et la position d'un «petit» pays comparable au sien; à Sofia, il assiste à la montée de l'Allemagne hitlérienne; de nouveau à Prague, il est le témoin du processus de destruction de son pays, véritable sismographe de l'Europe. Après les tragédies des années 1938-1939 - la Tchécoslovaquie devient Protectorat de Bohême-Moravie sous la coupe nazie-, il est, jusqu'à l'automne 1941, un des proches collaborateurs du général Eliás, à la fois chef du gouvernement d'un pays asservi et organisateur de la Résistance. Sur fond de rivalité tchéco-allemande, sa trajectoire est émaillée de rencontres et de portraits surprenants: Paul-Henri Spaak, Mgr Roncalli, futur Jean XXIII, Hubert Beuve-Méry, Édouard Daladier, Adolf Hitler et ses acolytes, et bien entendu l'ensemble du personnel politique tchécoslovaque, à commencer par les présidents Masaryk et Benes.
Ses Mémoires, passionnants, font voir l'Histoire de la première moitié du vingtième siècle d'un point de vue européen autre.