«De tous les métiers, j'ai choisi le journalisme. De tous les
journalismes, j'ai choisi celui des conflits. On m'a souvent
demandé pourquoi. La réponse s'est imposée à moi au fil des
mots et des images, dirigeant ma main à leur gré, au rebours
de mes intentions. Je voulais raconter vingt ans de soubresauts
du monde. Au fond, j'ai aussi raconté les miens. Chaque
charnier, chaque réfugié, chaque héros, chaque bourreau m'a
renvoyé au destin de ma famille, à celui des Arméniens. C'est
le manque de contours de ma propre histoire qui m'a incité
à dessiner celle des autres. On ne fait jamais rien par hasard.»
De la jungle du Guatemala aux montagnes de l'Afghanistan, des bordels
de Saïgon aux ruines de Sarajevo, Pascal Manoukian a suivi le flux des
conflits qui ont agité la planète des années soixante-dix à nos jours,
souvent au risque de sa vie.
Le diable au creux de la main est un récit d'aventures émaillé de portraits
vivants, de destins dramatiques, héroïques ou pathétiques, d'hommes
et de femmes nés au mauvais endroit, au mauvais moment - Mickey, la
petite pute guatémaltèque prisonnière d'un boxon militaire ; M. Mao
repêché en mer de Chine avec sa femme et leurs trois enfants ; Sead, un
adolescent de Sarajevo aux joues rouges, tué par un sniper de son âge
sur la ligne de front ; Amin, le jeune guide afghan, que son rang et le
destin tragique de son pays vont métamorphoser en puissant seigneur
de guerre ; Nacri, rescapée du génocide cambodgien, à l'avenir fragile
comme un semis...
Au fil des guerres, à la recherche des traces d'humanité partout où elle
subsiste, l'auteur déroule une émouvante leçon d'histoire, à fleur de
peau, à hauteur d'homme.