Paru plus de dix ans après Gargantua, le Tiers Livre de Rabelais marque l’abandon de la forme de la chronique et donne la prééminence aux discours des personnages. La référence à Lucien, dès le Prologue, fait également apparaître l’adhésion accordée à un modèle qui n’hésite pas à mêler débat philosophique et comédie. Or, jusqu’à présent, le Tiers Livre est resté à l’écart des études stylistiques consacrées au genre du dialogue. Il s’agit, dès lors, de proposer ici une comparaison de ses caractéristiques formelles avec l’ensemble de l’œuvre rabelaisienne, en observant le fonctionnement et l’organisation des échanges. Afin de mieux mettre en valeur la spécificité de ce dialogue rabelaisien, l’analyse s’élargit ensuite à des traités – ceux de Carlo Sigonio, du Tasse, de Simon de Vallambert – et à des fictions contemporaines - les Colloques d’Erasme, l’Heptaméron, le Cymbalum Mundi.