Il ne se passe pas de jour sans que la presse écrite, les radios et les journaux télévisés ne lancent à la cantonade le mot de populisme. Il ne se passe pas non plus de jour sans que les acteurs politiques, les commentateurs, les chroniqueurs ne se réfèrent au populisme comme cause ou comme symptôme des crises de notre temps. Dès qu'un parti se réclame du peuple, on le dit populiste ; dès qu'un mouvement social attaque le gouvernement, il est taxé de populiste. Le populisme, c est toujours le parti de l'autre : la gauche l'impute à la droite, la droite à la gauche.
Bien des historiens, des sociologues et des politistes en étudient les tenants et les aboutissants. Il restait à l'étudier du point de vue des discours qui circulent dans l'espace public. Ce que cette étude met en lumière, c'est la façon dont la rhétorique des extrêmes brouille les enjeux politiques tandis que la demande sociale disqualifie l'offre des partis. L'analyse du populisme comme langage montre qu'il ne relève ni d'une idéologie, ni d un programme, mais d une construction discursive illusoire, symptôme des crises que traverse la société française.