Le dit de Heichû
C'est une étrange aventure que le destin posthume de Taira no Sadafumi, surnommé Heichû.
Dès son vivant peut-être, et en tout cas pendant les quelques décennies qui suivirent sa mort, il avait été en passe de
personnifier, pour le Japon, l'un de ces archétypes du « héros d'amour » qui en Occident ont nom Tristan ou Don Juan,
avant que de sombrer dans un oubli à peu près total pour près d'un millénaire.
Ce n'est qu'en 1931 que l'on découvrit un manuscrit complet, et ce fut une révélation : le personnage de Heichû sortait enfin de l'ombre, et les lettres japonaises retrouvaient un chef-d'oeuvre, formé d'une suite de petites nouvelles écrites aux
environs de 950, et dont la succession constituait un véritable roman, lequel fournit le « chaînon manquant » de l'histoire
de la genèse du récit romanesque.
La figure quasi légendaire de Heichû inspirera jusqu'à notre époque des écrivains tels que Akutagawa ou Tanizaki.