Gilbert Keith Chesterton (1874-1936) est aujourd'hui reconnu comme l'écrivain anglais le plus réjouissant et le plus inventif de l'époque édouardienne. Acharné à stigmatiser la déshumanisation et la montée du matérialisme dans un monde qu'il contempla toujours avec des yeux d'enfant, il a laissé une centaine d'ouvrages dont beaucoup furent traduits en France où il avait pour défenseurs Paul Claudel, Valery Larbaud ou Pierre Klossowski. On a surtout retenu de son oeuvre très variée la célèbre série des enquêtes du père Brown, une cinquantaine d'histoires où la fascination de l'auteur pour la fiction policière se mêle d'une immense foi chrétienne. « Cet homme est tellement joyeux qu'on se dit qu'il a dû rencontrer Dieu », confia un jour Franz Kafka, lecteur captif de Chesterton dont il appréciait l'humour.
Sans doute était-il temps de rendre hommage à celui que Borges considérait pour sa part comme « l'un des premiers écrivains de tous les temps pour son imagination visuelle et la félicité enfantine ou divine que laisse entrevoir chaque page de son oeuvre ». C'est ce que François Rivière qui, à l'âge de seize ans, entra pour la première fois dans le labyrinthe Chestertonien, a voulu faire avec cette première biographie française de l'écrivain.